Édition du mercredi 13 février 2008
Gratuité des musées nationaux: hausse de plus de 50% des fréquentations, mais il est trop tôt pour en tirer des conclusions
La gratuité des musées et monuments, à l'essai depuis début janvier dans 14 établissements, attire du monde, avec des hausses de fréquentations de 50% (musées) voire 100% (monuments), mais il apparaît encore très prématuré d'en tirer des conclusions.
Selon la direction des musées de France interrogée lundi par lAFP, les visites dans les dix musées français testés ont augmenté en moyenne «de 50 à 60%» au mois de janvier, sans plus de détails. Au Centre des monuments nationaux, qui gère quatre des châteaux-musées inclus dans l'expérimentation, les chiffres tournent autour d'une hausse de 100% en moyenne avec des progressions spectaculaires comme celle du Palais Jacques Coeur à Bourges (Cher), avec plus de 300% de hausse. Selon cette source, 16.000 entrées ont été globalement enregistrées contre 7.500 l'an dernier à pareille époque.
Le ministère de la Culture a lancé en janvier, à la demande du Premier ministre François Fillon, une expérimentation de gratuité dans quatorze établissements nationaux, avec pour objectif d'élargir leur fréquentation à de nouveaux publics.
Le test, qui concerne uniquement les collections permanentes de ces musées, se déroulera pendant six mois. La ministre de la Culture Christine Albanel devrait en tirer un premier bilan à la fin mars, à l'occasion d'une communication devant le Sénat, a indiqué le ministère.
Tous précisent que ces chiffres doivent être pris avec précaution, cette hausse relevant notamment d'un «effet lune de miel», même si le ministère a pris soin de ne pas trop communiquer sur l'opération. «Nous constatons effectivement une augmentation de visites», indique Françoise Wasserman, qui dirige le département des publics à la direction des Musées de france. «Mais il faut faire attention aux pourcentages spectaculaires. Passer de 100 à 150 visites signifie 50% de hausse», dit-elle.
De fait, le détail des entrées recensées, publié vendredi dernier par "Le Figaro", évoque une base de départ de quelques milliers, voire de quelques centaines d'entrées, comme au château d'Oiron, au musée de la porcelaine de Limoges ou à Bourges.
Pour le ministère de la Culture, il est «prématuré» de tirer un premier bilan de ces chiffres, d'autant que l'analyse des publics, dont il n'a pas le détail, vient à peine de commencer.
Cette étude socio-culturelle, confiée par le ministère à la société de marketing culturel Public et Culture, va permettre d'interroger pendant six mois, en détail, 6.500 visiteurs sur leurs profils et les raisons de leurs venues.
«S'il y a augmentation de visites, nous ne savons pas s'il y a augmentation de visiteurs», dit Mme Wasserman, rappelant que l'objectif de l'opération est «avant tout de diversifier les publics et toucher les catégories socio-professionnelles les plus éloignées de la culture». Or, les musées nationaux «ont déjà une politique tarifaire» en faveur des plus défavorisés, dit-elle. «La gratuité seule ne suffit pas à diversifier les publics», estime la conservatrice, citant une étude réalisée en 2005. Selon cette dernière, 33% des Français de plus de 15 ans sont allés une fois au musée cette année-là. Or, le chiffre est de 37% en Grande-Bretagne, où la gratuité est installée depuis 2001.
«On est dans des marges très minimes», dit-elle, en supposant que la hausse de fréquentation peut indiquer que «ce sont les mêmes qui reviennent plusieurs fois», ce qui n'est pas l'objectif recherché.</
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